Elisabeth Petit-Teixeira s’attaque aux maladies génétiques complexes

Comprendre des maladies impliquant plusieurs gènes et leurs interactions avec l’environnement, telle est la vocation d’Elisabeth Petit Teixeira. Entre ces recherches passionnantes et l’enseignement au sein de l'Université d'Évry, elle n’a pas le temps de s’ennuyer !

Il lui a fallu huit ans pour obtenir un poste fixe. C’est dire la motivation d’Elisabeth Petit-Teixeira à travailler sur la génétique humaine. Après une thèse en 1995 à l’université de Tours sur la génétique de l’autisme, elle enchaîne sur un post-doctorat à Oxford, sur la génétique de maladies dermatologiques. Puis sur plusieurs contrats courts de recherche, notamment à Évry-Courcouronnes en 2000 sur la génétique de la polyarthrite rhumatoïde. En 2003, elle peut enfin se poser : elle décroche un poste de maîtresse de conférences à l’Université d’Évry. Sur quel sujet ? La génétique humaine, bien-sûr !

Plusieurs gènes impliqués

Si la thématique est la même, les maladies sur lesquelles elle travaille varient. Mais ce sont toutes des pathologies dites « complexes. « Dans ces maladies, on ne peut pas dire « la mutation de tel gène est responsable de la pathologie », c’est plus compliqué. Elles ont une part génétique, avec plusieurs gènes impliqués, et une part environnementale. De plus, Il existe une interaction entre les gènes et également une interaction entre les gènes et l’environnement

Depuis ses débuts, la recherche a beaucoup progressé. « Au début, nous recherchions les gènes impliqués dans des maladies complexes », explique la chercheuse.  Son travail consiste alors à chercher les facteurs de risque génétique, et à comprendre comment ces gènes interagissent entre eux et avec l’environnement. Aujourd’hui, on va plus loin. Les scientifiques s’intéressent aux réseaux de molécules impliquées dans ces maladies. Ils dressent de véritables cartes des interactions entre les molécules dans les cellules et les tissus. Cela permet de mieux comprendre comment la maladie crée les symptômes. Par exemple, dans la polyarthrite rhumatoïde, les patients souffrent de plusieurs choses à la fois : l’érosion des os, la prolifération anormale de cellules, etc. Les cartes d’interactions moléculaires permettent de distinguer tous ces phénomènes pour mieux les analyser et les comprendre.

Comprendre les mécanismes de la maladie

Objectif : faire progresser les traitements. En effet, les traitements actuels atténuent les symptômes mais n’éradiquent pas la maladie. Et sont inefficaces sur un nombre non négligeable de personnes. Or, « comprendre les mécanismes de la polyarthrite rhumatoïde permet à terme de cibler plus précisément les thérapies, ou d’en combiner plusieurs plus efficacement », souligne Elisabeth Teixeira-Petit. Cette recherche est indispensable à ces objectifs. Et les méthodes déployées sont transposables à d’autres maladies complexes.

Elisabeth Petit-Teixeira travaille avec des rhumatologues qui sont les principaux interlocuteurs des malades. Mais elle côtoie régulièrement les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde, notamment par le biais d’associations de malades, qui aident à faire comprendre au grand public cette maladie, à la médiatiser, et à financer les recherches.

L’enseignement, passionnant et prenant

La scientifique n’a pas le temps de s’ennuyer. Il y a certes ses recherches, menées en collaboration avec deux collègues qui complètent ses compétences en génétique humaine. L’une est spécialisée en statistiques des données génétiques, l’autre en biologie computationnelle des systèmes (des modélisations mathématiques appliquées à la biologie). Mais il y a aussi l’enseignement, et la responsabilité de filière, qui lui prennent 50% de son temps. Elle enseigne à des étudiants de la L2 jusqu’au M2. « En premières années de Licence, on apporte des informations générales afin de susciter l’intérêt de quelques étudiants, souligne-t-elle. L’enseignement en lycée change, nous nous adaptons. Nous développons de nouvelles manières d’enseigner, en aidant les étudiants à apprendre, en échappant de temps en temps aux cours magistraux et travaux dirigés. En M1 et M2, le dialogue est davantage axé sur le projet professionnel de l’étudiant.  Notre rôle est de l’aider en fonction de ses priorités, pour qu’il trouve son chemin. C’est motivant de côtoyer des jeunes qui découvrent ce qu’est la recherche. »

Dix ans après son recrutement, Elisabeth Petit-Teixeira a pris la tête du laboratoire GenHotel de l'Université d'Évry. Une belle consécration pour une chercheuse passionnée par la génétique humaine et le dialogue avec les étudiants et les malades.

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