Les secrets métaboliques de l’endurance du cheval-athlète

Le microbiote intestinal et les centrales énergétiques des cellules sanguines des chevaux communiquent pour assurer une endurance à toute épreuve ! Un dialogue basé sur la production d’acides gras permet à l’animal d’adapter son métabolisme pour retarder la fatigue, l’hypoglycémie et réduire l’inflammation. Ce sont les conclusions d’une étude menée par INRAE en collaboration avec l’École nationale vétérinaire d’Alfort et Lauence Le Moyec de l’Université d’Évry. Ces résultats, parus le 8 avril dans Frontiers in Molecular Biosciences ouvrent la voie à la mise en place de régimes sur-mesure pour les chevaux de course d’endurance, pour garantir leurs performances, leur bien-être et leur santé.

Le lien inattendu entre l’endurance d’un cheval et son microbiote intestinal ?  Le métabolisme énergétique, en particulier celui des mitochondries1, de véritables usines à énergie cellulaire. C’est ce que concluent des travaux originaux menés par des scientifiques d’INRAE, en collaboration avec l’Ecole nationale vétérinaire d’Alfort et l’Université d’Évry. À l’origine de leurs questions, des chevaux capables de couvrir des courses de 100 à 160km en 8h environ, l’équivalent pour nous d’un tour du Mont Blanc, une véritable prouesse physique ! Des travaux poussés en génomique et statistique permettent de mieux comprendre les dessous du métabolisme énergétique de ces chevaux-athlètes.

Pour comprendre comment ces chevaux réussissent à être aussi endurants, les chercheurs s’intéressent au lien entre microbiote intestinal et mitochondries des cellules sanguines. Pour cela, ils ont réalisé des prises de sang et collecté le crottin de 20 chevaux, avant et juste après une course. Des analyses génétiques et métaboliques du sang et du crottin montrent un véritable dialogue entre le microbiote intestinal du cheval et les mitochondries des cellules sanguines. Le microbiote fabrique des acides gras, comme le butyrate2, qui passent dans le sang. Ces acides gras agissent à la fois comme carburant pour la mitochondrie mais aussi comme messager. Celle-ci « sait » alors qu’un effort intense est en cours : elle ajuste sa production d’énergie en utilisant par exemple le butyrate, ce qui retarde la fatigue musculaire, l’hypoglycémie et réduit l’inflammation.  

Ces travaux sont pionniers dans l’étude des relations entre le microbiote et les mitochondries, explorées ici sur le modèle original du métabolisme énergétique des chevaux de courses d’endurance. Si les mécanismes précis des communications moléculaires mis en jeu doivent encore être étudiés en détail, ces premiers résultats permettent de mieux comprendre le métabolisme énergétique lors d’un effort prolongé. Ils offrent des pistes pour préserver le bien-être des chevaux et faciliter l’effort d’endurance, en adaptant leur régime alimentaire pour favoriser un microbiote intestinal optimal. 

Un trail équin sous haute surveillance

Les chevaux-athlètes étudiés dans cette étude réalisent des courses de 100 à 160 km en 8h, l’équivalent des courses « Trail » chez l’humain. Ici, les 20 chevaux sont de race arabe et font en moyenne un petit galop de 20 à 22 km/h. Leur santé est contrôlée tous les 40km, l’occasion pour l’animal de se reposer, de boire et manger pendant qu’une équipe de vétérinaires contrôlent leurs signes vitaux pour s’assurer qu’ils sont en capacité de poursuivre la course.

Références

Mach N, Moroldo M, Rau A, Lecardonnel J, Le Moyec L, Robert C and Barrey E (2021) Understanding the Holobiont: Crosstalk Between Gut Microbiota and Mitochondria During Long Exercise in Horse. Front. Mol. Biosci. 8:656204.

doi: https://doi.org/10.3389/fmolb.2021.656204 

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