Publication : Des embryons chimères et des pseudo-embryons comme alternatives pour la recherche sur l’embryon humain

Cécile Martinat est enseignante-chercheure à l'Université d'Évry et au sein du laboratoire I-STEM (Institut des cellules souches pour le traitement et l’étude des maladies monogénique), elle est aussi membre active élue au conseil d’administration de la société française de recherche sur les cellules souches (FSSCR).

Elle publie, le 7 septembre 2021, avec des chercheurs d'autres laboratoires un article sur l'utilité des embryons chimères et des pseudo-embryons dans la compréhension des mécanismes génétiques du développement humain et les stratégies thérapeutiques induites.

L’étude du développement humain est indispensable afin d’approfondir nos connaissances et, à long terme, perfectionner nos stratégies thérapeutiques dans les domaines de la médecine de la reproduction et de la médecine régénératrice. Face à la limite d’accès aux embryons surnuméraires et à l’interdiction d’en créer de nouveaux seulement à des fins de recherche, deux stratégies alternatives peuvent être proposées pour étudier le développement embryonnaire humain. La première consiste à fabriquer des pseudo-embryons ou blastoïdes. La seconde consiste à créer des embryons chimères homme/animal par injection de cellules souches pluripotentes, ES ou iPS, dans des embryons d’animaux. Nous expliquons ici l’importance de ces nouveaux paradigmes expérimentaux pour étudier le développement humain, et leur complémentarité.

Que dit la loi de bioéthique amendée le 29 juin 2021 ?

La France a entrepris de réviser sa législation relative à la bioéthique, celle-ci a été définitivement adoptée par l’Assemblée nationale le 29 juin 2021. Quatre articles sont consacrés à la recherche sur les embryons humains, les cellules souches embryonnaires (cellules ES), et les cellules souches pluripotentes induites (cellules iPS).

Ils visent à encadrer cette recherche, s’agissant en particulier de la modification génétique de l’embryon humain, la différenciation des cellules souches pluripotentes en cellules germinales, ainsi que la création de pseudo-embryons (appelés aussi blastoïdes), et d’embryons chimères homme/animal.

Conclusion

Dans ce cadre, embryons chimères et pseudo-embryons constituent des nouveaux champs de recherche permettant d’étudier le développement embryonnaire humain, sans faire appel à des embryons surnuméraires. Comme les embryons chimères et les pseudo-embryons ne sont pas des embryons humains, ils échappent de ce fait à la règlementation, qui limite à 14 jours la durée du développement in vitro des embryons humains.

Des réflexions sur ce délai sont en cours, et il est possible que cette limite soit progressivement repoussée à 21 jours. Les embryons chimères et les pseudo-embryons constituent donc des alternatives précieuses pour déchiffrer les mécanismes génétiques de la gastrulation et de l’organogenèse humaine, et compléter ainsi le socle des connaissances indispensables pour le développement de la médecine régénératrice.

 

 

Références

Article publié dans Med Sci (Paris) 2021 ; 37 : 799–801- Chimeric embryos and pseudo-embryos: An alternative to human embryos for research

Auteurs : Pierre Savatier, Laurent David, John De Vos, Frank Yates, Shahragim Tajbakhsh et Cécile Martinat

DOI : https://doi.org/10.1051/medsci/2021124

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