Afrin, la photojournaliste Emilie Buzyn témoigne devant les étudiants

Ce vendredi 20 avril, à l’initiative du professeur Yann JUROVICS, la photojournaliste Émilie BUZYN est venue à la rencontre des étudiants de l’Université d’Évry pour présenter son récent reportage à Afrin, enclave kurde du Nord de la Syrie prise sous le feu de l’aviation turque depuis fin janvier 2018. Seule photoreporter à avoir pu se rendre sur place, elle a documenté les derniers jours avant la chute de la ville, mi-mars. Un témoignage poignant qui a permis aux étudiants d’obtenir un éclairage différent sur ce conflit peu médiatisé et ses enjeux sous-jacents, mais aussi d’étancher leur curiosité sur le travail de journaliste en zone de conflit

Photographe indépendante, Emilie BUZYN est une habituée des zones de guerre. Elle s’est rendue à plusieurs reprises en Syrie pour couvrir le combat mené par les Forces Démocratiques Syriennes contre l’État Islamique. Elle réalise notamment, en octobre 2017, un reportage sur la libération de Raqqa, bastion du groupe djihadiste. Début mars 2018, elle décide de repartir pour le canton d’Afrin au nord de la Syrie, mosaïque à majorité kurde de peuples séculaires, pour montrer le quotidien des populations locales et alerter sur leur situation face aux bombardements qui font rage depuis le mois de janvier, dans l’indifférence de la communauté internationale.

Aux étudiants venus en nombre pour assister à cette conférence, Emilie BUZYN  a apporté un éclairage cru et direct sur la situation dans les zones frontalières entre la Syrie et la Turquie, où les enjeux du conflit syrien sont parfois mal compris de l’opinion et des médias occidentaux. Elle est revenue sur les conditions de vie sur place, dans une ville surpeuplée par l’afflux de réfugiés issus des villages alentours. Ses photos montrent les derniers jours de la ville avant les bombardements, rythmés par les funérailles collectives pour les victimes des frappes dans les villages voisins.

Emilie BUZYN a également évoqué les difficultés de son travail de reporter-photographe, et notamment l’accès rendu compliqué au terrain et à la zone de combats. Confrontée à l’impossibilité de faire escale en Turquie ou d’obtenir une accréditation du régime syrien, c’est finalement par l’Irak, dans un convoi de femmes yézidies, qu’elle se rend à Afrin. Sur place, l’accès au front lui est refusé par les forces kurdes, pour des raisons de sécurité. Son reportage sera finalement écourté afin qu’elle puisse être évacuée avant le début des bombardements sur la ville-même.

Si elle a quelque peu déploré le manque d’impact de ses photos prises avant la chute de la ville, Emilie BUZYN a souligné devant les étudiants la nécessité de rapporter du terrain ces images, ces sources, un regard extérieur sur la situation d’Afrin. Elle veut croire malgré tout en leur utilité au-delà de l’aspect journalistique, pour qu’historiens et juristes puissent à l’avenir documenter le conflit.

Après avoir présenté son travail photographique, Emilie BUZYN s’est prêtée à la fin de la rencontre aux questions de l’audience sur le conflit syrien, son métier de photojournaliste et son engagement pour l’information. Elle a attribué son envie de faire ce métier à son histoire familiale, celle d’un père rescapé des camps de concentration, qui l’a sensibilisée quant à l’importance de mobiliser l’opinion face à de grands enjeux humanitaires et politiques. Un discours inspirant et engagé qui a su trouver écho auprès de nos étudiants.

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