Cérémonie en l’honneur des personnels retraités 2018/2019

Mesdames, Messieurs, Cher.e.s Collègues,

Depuis quelques années maintenant, nous mettons à l’honneur nos collègues qui vont prendre sous peu, ou qui d’ores et déjà ont pris leur retraite cette année.

Nous le faisons parce que nous sommes des Hommes, des êtres sensibles et que j’estime de notre devoir de nous arrêter, de prendre le temps pour exprimer publiquement notre gratitude.

Quand on arrive à un certain point de l’âge, vous comprenez que je parle ici de ma fenêtre, on perçoit évidemment de façon plus aigüe la brièveté des choses… En parallèle cette profondeur qu’apporte les ans donne la mesure de l’accomplissement que procure ces décennies de travail où, malgré toutes les difficultés que l’on connait - existe-t-il une vie sans difficulté ? -, on a tant partagé de moments heureux.

Je sais vos moments heureux par vos témoignages directs, je le sais par les visages épanouis et les sourires croisés quotidiennement qui disent que vous aimez et avez aimé « faire », « faire bien », et ce jusqu’à la dernière minute de votre présence dans l’établissement.

Ces moments heureux tiennent pour beaucoup à la qualité des personnes avec lesquelles vous avez partagé, pour un temps souvent plus large qu’avec votre propre famille, si l’on fait la somme des jours et des heures que représente une vie au travail.

Aujourd’hui vient ce fameux âge de la retraite… aube de nouveaux jours.

Et je crois pouvoir dire, sans me tromper, que monte dans la salle ce sentiment que l’on se quitte sans se quitter, que ce qui vous lie à ceux avec qui vous avez fait et à nous, établissement, est plus perceptible.

Ce que vous avez vécu ici vous l’emportez, il vous appartient, il est une partie de votre honneur.
Vous pourrez être fiers.e.s ! Fiers.e.s de témoigner et de raconter pour instruire, car travailler ici à l’Université c’est être engagé pour les autres. C’est une traduction immédiate de ce que l’on nomme responsabilité sociale, responsabilité qui unit non pas un monde d’avant à un autre de demain, mais responsabilité qui unit les générations et qui est matérialisée par les mille solidarités indélébiles que vous avez construites avec des étudiants et les collègues.

Ce week-end, je rencontrais, cinquante ans après, mon professeur de 7ème, CM2 comme on dit aujourd’hui, professeur devenu chanteur pour une carrière de cinquante ans. Cinquante ans c’était hier, je revois la pierre de la marche de ma classe, me revient l’odeur de l’encre et je revois les oiseaux par la fenêtre et puis sous les marques de la vie inscrites au visage de mon professeur aujourd’hui, derrière son regard attentif aux adultes que nous sommes devenus, je comprends mieux les motivations de ce qui fait qu’un homme porte une petite classe vers quelque chose qui est nous

A l’Université vous avez fait de même - quelle que fut votre contribution - vous avez participé à cette œuvre éthique et morale vis-à-vis des autres qui est d’apporter le meilleur pour faire des femmes et des hommes plus confiants, plus stables, plus critiques, plus constructifs et au fond plus heureux de vivre. Je sais que vous l’avez fait en étant exigeant vis-à-vis de vous-même.

Ainsi, au moment de franchir la ligne virtuelle entre ce travail qui vous a permis de vous réaliser et vos nouveaux engagements et obligations, je vous souhaite très sincèrement cette ouverture pour connaitre des expériences inédites, et découvrir tout ce que vous avez-mis un peu à part, ces rêves et des aspects inexplorés de vous-même.

Surtout je vous souhaite de vivre cet amour qui structure nos vies en faisant battre le présent dans toute sa richesse et en nous ancrant au monde avec le plaisir de continuer à être.

Patrick CURMI
Président
Évry, le 27 juin 2019