Le lien retrouvé - Bonne année 2022 !

Patrick Curmi présente ses vœux pour l'année 2022 sous l'égide du lien retrouvé.

Covid, des éléments de confiance fondent notre raison d’espérer une sortie de la crise

Voici près de deux ans que la crise Covid nous bouscule.

Les règles qu’il nous a fallu adopter, nécessaires pour vivre dans l’espace public, pour étudier ou travailler ont, vous le savez, également pénétré les frontières de nos vies personnelles touchant l’entièreté de notre être et interrogeant notre existence globale.

L’interrogeant d’autant plus que dans nos sociétés baignées de certitudes, cette crise ne faisait appel à aucun précédent dans nos vécus, dans nos mémoires (pour la majorité d’entre nous, nous ignorions ce qu’est vivre une grande épidémie, voire une pandémie). En parallèle, nous avons été inondés de détails scientifiques souvent totalement incompréhensibles, car trop éloignés des connaissances générales et de fait, sans effet pour que chacun puisse dégager une vision des événements qui dépasse le simple déroulé des faits.

Sur ce vide et ce manque de compréhension, on a vu se construire et proliférer un ensemble de positions ou de rumeurs, aussi infondées les unes que les autres, qui ont ajouté du trouble au trouble.

En tant qu’universitaire, avec toutes les précautions que cela impose, il est néanmoins utile et c’est notre devoir, de revenir aux faits, aux fondamentaux avec prudence et distance.

S’agissant des maladies infectieuses, il faut avoir à l’esprit et se remémorer que leur propagation et leur impact sur la santé publique sont le fruit d’une conjugaison d’éléments variables. Pour ce qui concerne la Covid, il s’agit notamment de la nature du virus (les variants), de l’environnement et de la saison car nous avons affaire à un virus respiratoire et enfin de l’histoire immunologique des populations cibles, en incluant le fait d’être ou non vacciné. La dynamique de propagation apparait ainsi complexe et cela explique pourquoi, et c’est normal, on observe des retours qui peuvent prendre l’allure d’accès de fièvre en apparence très déstabilisants si l’on n’en comprend pas la ou les causes.

Cependant sur ce fond, nous avons des certitudes et de bonnes raisons d’espérer en sortir.

En premier lieu le déroulement de la maladie est mieux compris, de ses premiers signes jusqu’à son acmé.

Elle est beaucoup mieux prise en charge et mieux soignée. De fait, la proportion de formes préoccupantes au regard du nombre de personnes infectées est aujourd’hui moindre qu’hier.

De plus, et la démonstration est faite en France et dans le monde, il est établi que la vaccination nous protège des formes graves ou invalidantes, et il est attendu qu’avec une forte barrière de vaccination, la pandémie va s’étioler avec une transformation de la Covid en une affection respiratoire, certes non banale, mais qui gênera ou paralysera de moins en moins notre quotidien. Enfin, et en plus de la vaccination qui fait appel pour la première fois dans l’histoire à des substances facilement et rapidement adaptables aux formes variées du virus, de nouveaux produits sont maintenant disponibles pour traiter les formes graves de la Covid, qu’il s’agisse d’anticorps ou de petites molécules innovantes.

Ces éléments constituent autant de raisons d’espérer une sortie de crise à court ou moyen terme ; c’est un espoir vrai.

Cet espoir ne nous dispense en aucun cas dans l’intervalle, de maintenir les gestes de prévention pour tenir et résister quelques semaines, quelques mois, mais l’examen prudent de ces faits indique que nous allons y arriver !

Le lien retrouvé

C’est dans ce contexte que nous reprenons aujourd’hui le chemin de l’Université.

Nous nous sommes organisés, préparés et nous sommes vigilants pour faire en sorte que chacun se sente en sécurité sur le plan sanitaire dans l’établissement. C’est le sens du message que je vous ai envoyé le 31 décembre dernier, c’est l’objet du protocole sanitaire qui est un instrument au service de la confiance partagée.

Mais au-delà du risque infectieux proprement dit, risque que nous maîtrisons et maîtriserons, l’autre plus insidieux est la survenue à maints endroits d’une perte de sens liée au fait qu’au fil des mois, certains aient pu rompre le contact et se trouvent isolés dans une forme de bulle. C’est aussi le risque que se soit instaurée une forme de défiance vis-à-vis des autres.

Pour ce nouvel an et au moment de cette rentrée, notre responsabilité collective est d’œuvrer à prévenir toute forme d’isolement, de mise à l’écart ou de défiance, et de contribuer à apaiser le climat, à donner confiance pour que nos relations s’établissent sans arrière-pensée, en s’appuyant sur des faits vérifiables, notamment les éléments que nous transmettons régulièrement et qui démontrent que jusqu’à aujourd’hui, nous ne nous contaminons pas les uns les autres dans l’établissement.

Apaiser, se relier à notre projet partagé, retrouver le sens de notre implication est capital car notre humanité ne peut se réduire à nos fonctions biologiques. Certes la santé dépend de l’accès aux soins, mais elle comporte et de façon tout aussi importante un ensemble de composantes moins visibles, la dignité, la perception que l’on est essentiel – et tout le monde l’est à l’Université -, l’écoute, le respect et enfin le sentiment, la conviction de contribuer à un projet de société qui nous dépasse et nous réunit. Travailler, étudier à l’Université s’inscrit intégralement dans cette perspective, car tous nous contribuons, par la recherche et par la formation à faire que la jeunesse, les responsables de demain, soient en capacité de choisir, de critiquer, de s’engager pour et dans un monde durable, responsable.

Soyez convaincus que nous utiliserons notre seule force, celle de nos intelligences reliées, pour qu’à chaque moment et dans toutes les circonstances, nous agissions dans cet esprit en pleine conscience de notre rôle, de notre place dans la construction d’un monde juste et équilibré.

Faisons de 2022 le temps du lien retrouvé à chacun des moments forts que nous allons vivre.

Nous allons fêter les 30 ans de notre Université.

Ce sera une mise en valeur des contributions de chacune et de chacun ; le temps de mesurer le chemin parcouru, d’embrasser notre trajectoire, de sentir le bien fondé de nos alliances et de tout le long travail entrepris pour « devenir Paris-Saclay ».

Après 30 ans, ce sera aussi le temps du lien retrouvé avec nos anciens collègues ou étudiants qui, n’en doutons pas, auront ce regard bienveillant, parfois nostalgique sur ce qu’ils ont appris ou vécu ici, confortant plus encore la valeur de nos engagements.

2022 sera au tempo de l’année Campus durable qui nous relie au plus grand défi de notre siècle, défi climatique et environnemental qui appelle la contribution de toutes les intelligences, parce que le devenir de notre humanité, de notre fraternité tient aussi à la place ménagée à chaque vie dans la nature.

2022 sera aussi marquée par le démarrage d’autres grands projets dont le début d’exécution du CPER qui, par le renouveau des bâtiments concernés, changera pour l’humaniser notre cadre de vie.

2022 sera enfin à l’automne, le temps des élections aux instances qui conduiront début 2023 à une nouvelle gouvernance avec un projet consolidé pour les quatre années à venir.

Vous le voyez 2022 nous verra réunis par ces fils multiples, visibles ou moins visibles. Nous n’aurons pas la place pour nous ennuyer, pas le temps de nous perdre dans la solitude !

Je vous souhaite ainsi de vivre 2022 comme un nouveau commencement, comme le temps retrouvé de l’espoir conjugué au sentiment aigu de la force que représente tout engagement.

Et je nous souhaite à tous que 2022 marque le début du chemin qui doit être marqué, résolu, vers les retrouvailles avec notre terre, notre unique berceau, notre seule aire de vie.

Qui peut voir dans le regard de l’oiseau, comprendre ce qu’il pense malgré tous nos instruments ?

Alors sans renier l’apport de la raison, je vous souhaite enfin d’approcher la sagesse de ceux du monde d’avant le monde d’avant et de percevoir le sens de leur bel héritage.

Avec vous,

Patrick CURMI

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