L’anthropologie africaine à l’étude à l’Université d’Évry

Engagée pour la promotion de la diversité culturelle et le dialogue entre science et société, l’Université d’Évry accueillait ce lundi 24 septembre M. Djiby DIAKHATÉ (photo ci-contre), sociologue, enseignant-chercheur à l’Université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar et Directeur de la Recherche et de l’École doctorale de l’Institut Africain de Management, pour une conférence sur le thème des différentes approches de l’anthropologie africaine. Un événement s’inscrivant dans le cadre d’une convention de coopération pour le  développement des échanges d’expertise entre enseignants-chercheurs et le renforcement de la mobilité des étudiants et personnels administratifs des deux universités.

Qu’est-ce que la culture ? Peut-on seulement concevoir la rencontre des cultures sur le mode du conflit ? Comment se dégager du regard ethnocentriste que nous portons sur les cultures africaines et leurs spécificités? Autant de questions auxquelles la conférence « Les différentes approches de l’anthropologie africaine » – organisée par Abdoul Hameth BA, enseignant-chercheur en géographie (département Histoire) à l’Université d’Évry, et donnée ce lundi 24 septembre devant les étudiants de licence par le Professeur Djiby DIAKHATÉ – se proposait d’apporter des réponses.

Débutant son exposé par un décryptage étymologique de ce qui constitue l’anthropologie, M. DIAKHATÉ s’est attaché à présenter le problème épistémologique posé par cette « science de l’Homme » qui place la culture comme élément de distinction entre humanité et animalité : comment une science peut-elle connaître l’Homme dans sa dimension culturelle si, comme l’affirme Gaston Berger, sa définition-même est celle d’un être complexe et changeant ?

La réponse est celle de cultures plurielles, qui ne sont pas figées mais évolutives et sources de transformations. Une pluralité des cultures qui constitue aujourd’hui l’enjeu central des deux orientations de l’anthropologie africaine.

Interroger notre rapport à la culture et au territoire

À travers le prisme de l’anthropologie africaine, la conférence donnée par M. DIAKHATÉ a permis de questionner les étudiants sur le rapport que nous entretenons à nos cultures mais aussi à nos environnements spatiaux et géographiques – autant d’enjeux prégnants pour des jeunes évryens évoluant sur un territoire soumis à de grandes mutations démographiques, culturelles ou encore architecturales.

C’est cette relation entre culture et territoire qui était mise en évidence avec la présentation  des concepts de l’anthropologie culturelle, selon laquelle chaque communauté a sa culture propre, correspondant à l’ensemble des réponses qu’elle apporte aux problèmes posés par son environnement géographique. Une dimension environnementale tenant compte de la diversité des territoires, qui exigent chacun des réponses différentes de la part des hommes qui les occupent, donnant ainsi naissance à une grande variété de cultures, y compris au sein d’un même pays.

Or, c’est à rebours de cette approche, qui conçoit le dialogue culturel comme essentiellement conflictuel car se fondant sur un alphabet erroné et marqué par l’ethnocentrisme, que s’est construit le second courant dominant de l’anthropologie africaine, celui du diffusionnisme.  Envisageant la rencontre des cultures sous un regard positif et non confrontationnel, il pose l’existence de grandes aires culturelles possédant une trame commune et dont les valeurs se sont diffusées par emprunt des peuples les uns aux autres, sur la base d’échanges laissant place à la convivialité.

Une approche centrale dans la pensée de Cheikh Anta Diop, historien, anthropologue et homme politique sénégalais, qui faisait de l’Egypte pharaonique le socle des cultures africaines. Un penseur iconoclaste et précurseur de l’historiographie africaine précoloniale dont l’œuvre sera justement mise à l’honneur à l’Université d’Évry du 6 au 8 novembre, à l’occasion d’un colloque qui lui sera consacré.

Finalement, c’est en invitant les étudiants à s’ouvrir au monde sans nier les spécificités culturelles et environnementales de chaque territoire que le Professeur DIAKHATÉ a conclu cette conférence éclairante. Non sans citer la métaphore de l’ethnologue et écrivain malien Amadou Hampate Bâ : « La beauté d’un tapis vient de la diversité de ses couleurs. »

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