Communiqué du Président : Notre Dame de Paris, le nécessaire espoir après la mutilation d'un symbole de la France.

Patrick Curmi, Président de l'Université d'Évry, a adressé un message à la communauté universitaire lors de de la séance du Conseil d’administration du 16 avril 2019, suite à l'incendie qui a ravagé la cathédrale Notre Dame de Paris. 

Aujourd’hui Notre Dame de Paris est défigurée, ouverte par une profonde déchirure.

À tout vent exposée, seule pour faire face aux agressions du temps qui vient.

Les trésors de ses parois et son ventre sont abimés ou détruits. Deux tours calmes vont maintenant signer, et pour longtemps, la permanence de sa présence silencieuse, brillante, puissante, rassurante.

C’est avec une profonde émotion, que je me permets de parler ici devant vous, car nous sommes tous frappés de ce qu’il advient. Je pense aux guerres, aux affrontements qui séparent le monde, je pense au grand incendie de Rome en 64 de notre ère.

Et si je parle ici, c’est aussi parce que les temples, tous les temples, sont des maisons de paix, comme l’est l’Université. Temples, refuges des abandonnés et des persécutés, là où les cris s’éteignent, là où les larmes des pertes ouvrent les deuils réparateurs.

Les Temples sont aussi les maisons des bonnes nouvelles, des vies qui ouvrent, des unions qui se pétrissent, c’est là où les espoirs sont bénis.

On sort toujours léger des Temples, que l’on croie au ciel ou que l’on n’y croie pas !

Notre Dame de Paris est aussi ce livre ouvert de connaissances et de savoirs, démonstration de ce que peut l’intelligence humaine quand elle coopère. C’est un trésor de sciences que nous ont laissé ceux qui ont fait la France, alors que la France surmonte les peurs millénaristes et se transforme après l’an mil. 

Science de la sculpture de la pierre et du bois qui sont traités comme des gravures, science du métal et du verre pour transformer la lumière en art, sciences mathématiques bien sûr, et science des matériaux et de leur assemblage, pour défier les lois de la gravité, science enfin des savoir-faire qu’appellent ces constructions uniques.

Tout y est concentré, comme un don pour vivre et vibrer devant l’exceptionnel jeu d’ombres et de lumières, devant le calme qui se déroule au creux du drapé des pierres qui tombent du ciel pour nous envelopper et nous appeler à la méditation sur la vanité des hommes.

Aujourd’hui, nous sommes touchés et tristes de voir l’arc des croisées brisé, de voir la ligne pure de la flèche à terre…

Mais l’histoire de France montre que nous saurons relever le défi pour faire revivre cet art gothique, un art, qui, ne l’oublions pas, était considéré comme barbare, « digne des goths », mais qui au travers des siècles a suscité et inspiré ces océans d’enthousiasme et de créativité arrivés jusqu’à nous, je pense aussi à Hugo.

Il est des moments où l’ampleur des drames rapproche les hommes. C’est ce que nous vivons aujourd’hui avec cette page ouverte sur l’espoir et la certitude que nous surmonterons cette épreuve.

Patrick Curmi, Président de l'Université d'Évry

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