Samia Bouchafa-Bruneau, les différences sont une richesse

Samia Bouchafa-Bruneau est Professeur des universités et directrice du laboratoire Informatique, BioInformatique, Systèmes Complexes (IBISC). Arrivée en 2012, elle prend rapidement part aux premières discussions sur l’intégration de l’Université d’Évry dans la ComUE Paris-Saclay.

Samia Bouchafa-Bruneau a bénéficié d’une expérience scolaire internationale. Entre la France, le Canada et l’Algérie, elle se forge une conviction forte qui ne l’a jamais quittée : la diversité est une richesse et une force.

De part ces expériences internationales, j’ai développé une sorte de relativisme précoce et d’adhésion à des valeurs universelles. J’ai été sensibilisée à la question des identités multiples comme sources incroyables de richesse et j’ai toujours gardé en moi ce désir de faire le lien entre plusieurs cultures.

L’informatique n’est pas un hasard

Ses études supérieures se sont déroulées à l’Ecole Supérieure d’Informatique à Alger (ESI anciennement INI). Enfant, elle lisait beaucoup et fouillait dans la bibliothèque de sa mère psychologue. Tout ce qui concernait la psychologie cognitive la passionnait.

Je lisais notamment en boucle deux BD de Jean-Pierre Petit « L’informagique » et « À quoi rêvent les robots » qui évoquaient avec humour et perspicacité les grandes questions de l’informatique, de la robotique et de l’Intelligence Artificielle.

Samia Bouchafa-Bruneau a choisi l’informatique car elle était passionnée de mathématiques mais pas seulement :

Mon grand-père m’avait offert un ordinateur ; lui qui n’avait jamais fait d’études souhaitait que ses petits-enfants accèdent à des études supérieures. Il avait travaillé pendant 40 ans en tant qu’ouvrier dans des usines automobiles, ce qui lui avait valu une médaille du travail : les valeurs de travail, de rigueur, de loyauté et d’honnêteté font partie de son héritage moral.

Après une école d’ingénieur, elle intègre un DEA (maintenant M2) à l’université Pierre et Marie-Curie. Sa thèse, réalisée dans le cadre du projet Européen Cromatica (Crowd Management with Telematic Imaging and Communication Assistance) fut pour elle une expérience passionnante : comment détecter des comportements anormaux de foules dans le métro par traitement des images issues de caméras de vidéo-surveillance ?

Cette période a été marquée par des rencontres riches et passionnantes de chercheurs qui ont fait partie de mon équipe encadrante. C’est pendant la thèse que tous les volets de la méthode scientifique (y compris l’éthique de la recherche) s’acquièrent véritablement.

Une forte implication dans l’Université Paris-Saclay

Samia Bouchafa-Bruneau s’implique aujourd’hui beaucoup dans la construction pédagogique de l’Université Paris-Saclay. Elle est d’ailleurs directrice adjointe chargée du doctorat de la Graduate School Sciences de l’Ingénierie et des Systèmes.

L’Université Paris-Saclay est une opportunité pour créer de nouvelles collaborations, rassembler les compétences, aller au-delà de son thème de recherche pour développer l’interdisciplinarité, construire des formations au plus proche des activités de recherche, monter de nouvelles activités de recherche en osant, sans aucun priori et sans être prisonnier de considérations historiques. J’ai beaucoup aimé participer à ce nouveau projet où tout est possible.

En tant que directrice du laboratoire IBISC, Samia Bouchafa-Bruneau tient à valoriser les activités des chercheurs et à les inciter à s’impliquer dans les projets fédérateurs et interdisciplinaires qui émergent dans Paris-Saclay.

La direction d’un laboratoire pluridisciplinaire est une expérience passionnante (et …chronophage). Les pratiques et sensibilités sont diverses et les communautés scientifiques ont parfois des visions différentes y compris pour résoudre une même problématique de recherche. Les sources de discussion et controverses sont multiples. Il faut arriver à convaincre que ces différences sont une richesse.

Un avenir plein de promesses

Nous assistons actuellement à une révolution dans le domaine de la perception artificielle. L’engouement pour l’Intelligence Artificielle a trouvé un écho immédiat dans les domaines exploitant les données-images et a révolutionné d’abord la vision par ordinateur et le traitement des images.

Je suis impatiente de vivre cette nouvelle période qui s’annonce déjà où le tout orienté « données » ne pourra se passer de la modélisation et de la compréhension des modèles physiques qui régissent les « éléments » qui entrent en jeu dans les processus de perception en commençant par la nature même des capteurs. Les approches orientées données sont vouées à composer avec les approches basées modèles et l’IA nous réserve encore des surprises…

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