Dialogue d’artistes

Pour le ciné-concert et le film
« Conserveries de poisson. De l’atelier à l’usine »
CE QUE LE PUBLIC DOIT SAVOIR AVANT DE REGARDER LE FILM !
Avec
Michel Colleu (sources musicales),
Sylvie Guiner (chant et Shruti box),
Brigitte Kloareg (chant),
Emmanuel Pariselle (accordéon diatonique et concertina),
Alain Pichon (réalisation des films : original et ciné-concert),
Bernard Subert (clarinettes),
POUR LA CULTURE MARITIME
Alain
Depuis le film « Septembre 1930. Thonier dans la tempête », le rapport entre les récits (voix), les images (iconographiques et animées), les sons (bruits) et la musique (instrumentaux et chants) m’obsède.
J’imagine toujours ces modes d’expression comme « signifiants spécifiques » instruments d’un orchestre sonore et visuel jouant ensemble le scénario, chacun à sa manière.
J’avais eu l’occasion de montrer le film puis d’en parler avec deux musiciens rencontrés pour les 40 ans de la revue « Chasse-Marée ». Bernard Subert et Emmanuel Pariselle (dit Manu), de l’Armée du chalut.
Bernard
On a discuté de choses et d’autres, de culture maritime bien sûr et évidemment d’images illustrées en musique ou l’inverse.
C’est là qu’est né le projet Ciné-Concert, sans que les choses aient été formulées à ce moment précis, mais le fruit était dans le verre !
Alain
A la suite du film sur la tempête…Deux nouveaux films…
« Voiliers en pêche » et « Conserveries ».
Deux films muets ou presque que j’ai voulu faire ainsi par hommage au cinéma muet.
Un retour à la source…
C’est un moment incroyable une projection d’une heure dans un silence d’église…
Et puis, évidemment, mon obsession est revenue.
Les deux films étant déjà fait, il s’agissait d’illustrer, dans le sens : les images par la musique.
Dans la meilleur synchronisation et cohérence des émotions et du sens possible.
Je participerai aux préparations et aux répétitions mais, pour les ciné-concerts, illustrer un film par la musique, c’est l’affaire des artistes.
C’est leur art, leur ressenti, leurs choix artistiques !
Sauf incohérence sensible, je n’ai rien à faire ni à dire, sinon que de les laisser travailler et m’entrainer dans leurs perceptions artistiques !
Je les laisserai donc faire…
Est venu le film « Voiliers en pêche » avec Trio Vag et les amis du Biche…
Une première pour moi et une expérience incroyable, inoubliable …
Restait à faire le film sur les conserveries !
Sylvie
J’avais assisté au ciné-concert avec le trio Vag sur son film voiliers en pêche.
J’avais eu une vision du travail colossal fourni par les musiciens pour le réaliser.
Cela donnait envie de faire ce genre de travail, mais en même temps cela faisait peur…
Alain
Entre temps, de Sète à Bovel en passant par Fécamp, j’ai accompagné, Michel Colleu, le spécialiste du répertoire de l’ « Armée du Chalut » et toute son équipe ou presque dans leur périple artistique, une dizaine d’artistes parfois…
Sylvie
Je fais partie du collectif de l’Armée du Chalut avec Michel Colleu, depuis plusieurs années maintenant.
J’ai découvert le répertoire maritime, chant des gens de mer, des histoires de vie, d’hommes, de pêches , de naufrages.......
J’ai eu l’occasion de faire plusieurs déplacements avec le collectif.
À chaque fois, ce sont des rencontres, des lieux, des moments de partage, des échanges, des retrouvailles avec les amis, et surtout des moments où je peux chanter ce qui représente pour moi énormément.
L’Armée du chalut a eu l’occasion de croiser la route d' Alain Pichon et de découvrir son travail sur des films qu’il monte à partir d’images d’archives.
Alain nous a alors proposé de réaliser un ciné-concert sur un autre de ses films, celui sur les conserveries.
Alain
Je savais la difficulté de mettre des chants, des paroles et des images, tous deux porteurs de sens donc imposant une grande précaution et précision à mettre ensemble.
Pas simple…
Je connaissais le potentiel de certains artistes de la bande..
Je connaissais le potentiel du répertoire pour l’avoir entendu et senti déjà la cohérence entre mes films et leur art…
Ainsi est venu avec Bernard et Manu le temps de prendre le verre et d’en sortir le fruit.
Bernard
Ça n’a jamais été fait ...
Alain
Et alors ?
Qui ne tente rien n’a rien…
CINÉ-CONCERT EN VUE !
Bernard
C’est un boulot de musicien, avec beaucoup de «passages obligés», de contraintes, d’obligations, de challenge (prononcer «Tchalèng’» comme on dit maintenant !), et qui plus est, du domaine maritime.
Mais, on connaît bien ce répertoire, et le mettre au service d’un projet dans un contexte complètement différent d’un concert, d’une animation, d’une conférence, d’un stage, …
Avec des défis toutes les 10 mesures était un exercice… inédit !
Et le faire avec des artistes qu’on connaît bien et avec qui on n’a déjà partagé pas mal d'expérience musicale, c’est la cerise sur le gâteau !
Le ciné-concert était programmé pour le festival Pêcheurs du Monde.
Objectif donc : illustrer en musique le film sur les conserveries.
Évidemment, Manu devait être dans le coup !
Le projet « Ciné-Concert » devait être réalisé sous le nom « Armée du Chalut », mais impossible vue l’idée même de la réalisation d’un tel travail, de mobiliser toute l’Armée.
Alain
C’est évident…
Dans ce type de projet, on projette le film en même temps !
Les artistes devront être sur le coté de l’écran.
Pas le choix…
Il faudra une équipe réduite..
L’ ÉQUIPE
Bernard
Le choix et la décision ont été vite tranchés.
Pour des raisons évidentes il fallait du chant, des femmes, du breton et du français.
D’emblée, l’équipe logique pour un projet tel que celui-là s’est imposée.
Sylvie GUINER pour le chant et la Shruti box,
Brigitte KLOAREG pour le chant,
Manu PARISELLE pour l’accordéon diatonique et le concertina
Moi même pour les clarinettes !
Sylvie
L’originalité avec ce nouveau film était rajouter du chant en plus de la musique.
Il ne fallait pas que l’on soit trop nombreux et en même temps très vite, il était évident qu’il fallait à la fois des femmes et des hommes sur ce projet, ainsi que du chant en français et du chant en Breton.
Quand la proposition m’a été faite de faire partie de l’équipage, j’ai été très honorée.
C’était une opportunité, une expérience à vivre et à ne pas manquer.
Durant plusieurs semaines, l’idée a tourné et retourné dans ma tête avec des moments de doute et des questions.
Est-ce que j’en suis capable ?
Est-ce que je serai à la hauteur ?
Est-ce qu’une chanteuse amateur peut faire ce genre de travail ?
Il y aura aussi des moments de certitudes,
UN RÉPERTOIRE QUI FAIT SENS
Bernard
J’ai appelé dans la foulée Michel Colleu, « le » spécialiste du répertoire maritime.
Après lui avoir fait une courte description du projet, je lui demande de m’envoyer du répertoire : « conserveries, usines, grèves des ouvrières de Douarnenez, … »
Michel
Quand Bernard m’a appelé pour me faire part du projet, j’ai été enthousiaste : je connais l’équipe, pour jouer et chanter avec chacun de longue date.
Je connais Alain, qui a accompagné l’Armée du Chalut dans un festival, en concert, et j’avais été profondément ému par son film sur la tempête de 1930.
Mettre en adéquation film muet et répertoire d’époque va être un défi passionnant !
Mais quel répertoire ?
Celui des « merch’ed ar friturioù, des « femmes d’usines, qu’elles chantaient tout en travaillant.
Et il était varié, du cantique au chant grivois ou revendicatif !
J’ai réuni et transmis plusieurs dizaines de chants, que j’avais recueilli avec des amis, notamment auprès d’ouvrières du Guilvinec, de Douarnenez (en préparant le recueil Douarnenez en chansons), et de Concarneau (en préparant « Mémoires en chantier »).
Bernard
Je savais que j’en recevrai dix fois trop, mais du coup, le choix sera plus vaste !
Michel
J’ai indiqué pour chaque chanson si elles étaient peu ou beaucoup chantées à l’usine, si leurs paroles étaient spécifiques ou non aux travailleuses des conserveries, et j’ai transmis des enregistrements de collectes permettant de s’imprégner de la manière de chanter des femmes d’usine.
Emmanuel
Je suis moins que les autres spécialiste de ces répertoires, ma participation c'était de mettre au service de ces chansons et de ces images mon accompagnement à l'accordéon et au concertina, mes compositions aussi, ce que j'adore faire
Brigitte
Michel a élaboré une liste de chansons en prenant en grande partie dans le répertoire de l’Armée Chalut et en ajoutant des chansons qu’il considère comme incontournables…
Si on les retient, certaines, il faudra les apprendre….
DES IMAGES AUX CHANTS ET AUX MUSIQUES
Alain
Première chose à faire pour nos artistes : bien connaitre le film, la forme et le fond, la structuration sensible des parties.
J’ai préparé un fichier d’analyse avec minutage précis qui exprime les sens, les sensibilités, les messages… du film.
Brigitte
Nous nous sommes réunis après avoir visionné le film individuellement.
Le découpage du film en séquences courtes ou longues.
L’adéquation entre les images et les textes m’apparait… en tête…
Des bateaux de pêche, des poissons pêchés.
J’ai en tête une chanson de la liste faite par Michel (Ni beus ur vag = Nous, on a un bateau).
En breton !
Une chanson locale du petit port de Doelan (29) qui parle d’un bateau peint en bleu qui pêche le congre par beau temps devant Doëlan, qui se met à l’abri au petit port (porz bihan) par mauvais temps, qui rentre en regardant les deux phares.
Sylvie
Breton aussi sur un air traditionnel : une Gwerz !
Une chanson qui raconte d'histoire d'un bateau qui sombre en mer, “enlevant aux femmes tant de maris et laissant ici tant d'orphelins” . “Le matelot vit en péril, aujourd'hui il est vivant et peut-être mort demain”
Alain
On peut tout à fait prendre ces chants dans les conserveries !
Ben oui ! Ces femmes, beaucoup de ces femmes, sont “femme de marin” !
Elles chantent leurs hommes et leurs angoisses !
Brigitte
Les cartons aident en mentionnant « Des ports aux conserveries » ou « Retours de pêche »
Après, il y a des chansons entières qu’on pourra mettre sur des séquences plus longues.
Sylvie
Tout le monde a visionné le film de son coté
Avec des paroles adaptées au film aussi.
Bernard a fourni un travail abyssal sur ce projet, bien entouré et secondé de Manu, Michel et Brigitte, qui tous possèdent des connaissances historiques et musicales sur le sujet.
Bernard
Le film est quasiment muet, exceptés quelques bruitages, 2 séquences avec voix off et une BO sur toute la fin du film (La danse Macabre de Camille St Saëns).
Par contre, il est évident qu’on ne peut illustrer chaque image, chaque séquence : ça va trop vite !
Le film n’est découpé ni chronologiquement, ni géographiquement.
Certains types d’images reviennent.
Il y a des « cartons » pour décrire le contexte des scènes sur l’écran comme pour la grande époque du cinéma muet.
Des cartons importants dans la compréhension du « message » du film …
Alain
Effectivement, les cartons aideront bien.
Pour signaler, pour commencer, pour introduire …
Des marges de manoeuvres pour placer les chants et les musiques !
Ne pas « trop » coller aux images, c’est certain.
Non seulement ça va trop vite, comme le dit Bernard,
Non seulement le film suit un récit impossible à suivre de manière précise,
Mais même les poissons, tantôt thons, tantôt sardines, tantôt maquereaux, seront avec les chants impossibles à suivre !
La rationalité a des limites !
Il faut donc rester dans une approche « sensible ».
Bernard
On note assez vite que le début du film est en noir et blanc et passe en couleur jusqu’à la fin : il faut s’appuyer là-dessus !
Des images plus fortes que les autres vont aussi nous servir d’appui.
Bref, après plusieurs visionnages, essais, résolutions, trouvailles images / musique genre « ça, c’est bien, on ne touche plus », …
On décide d’avoir notre propre vitesse de progression, de travailler par séquences… nous aussi !
Sylvie
Nous étions tous d’accord avec Bernard sur le fait qu’il fallait séquencer en plusieurs parties avec des chants en entier, quelques fois, ou quelques couplets à d’autres moments.
Bernard
On en définie 7, plus 1 juste dédiée au générique du film ;
Certaines s’enchaîneront naturellement, d’autres seront des coupures, changements d’ambiances, de mondes, d’esthétique, d’époques, …
Donc beaucoup de contraintes, dont une très claire depuis le début : on ne touche pas au montage du film !
Alain
En fait si…
Avec Bernard on décide d’adapter « un peu » le film.
Pour la version projetée au public :
Dans ciné concert il y a concert…
Il faut adapter le film.
La bande son évidemment !
Il faut supprimer « La danse Macabre » et ajuster, augmenter ou réduire, supprimer quelques séquences de bruits… dont la fin…
Pour la version retour écran des artistes :
Un chronomètre se situer à la seconde près, synchroniser “images” et “musiques” !
UNE RÉFLEXION COLLECTIVE
Bernard
Pour l’organisation, chacun se donne arbitrairement ou obligatoirement une tâche.
Alain connaît bien son film. Il veille à la cohérence image et musique.
Manu sera aux commandes des ambiances, de l’harmonie
Brigitte sera redoutable dans le rôle de script (travail qui se révélera d’une énorme utilité!),
Moi j’essaye de chapeauter le tout en essayant de donner le plus vite possible une cohérence à toutes cette masse de données.
On n’a pas beaucoup de temps !
Pour le répertoire, rapidement, il fallait choisir… Chansons d’abord, instrumentaux ensuite.
Michel a transis ses propositions .
Brigitte et sylvie ont complété,
Je l’ai fait aussi.
Brigitte
J’ai proposé une chanson à laquelle Michel n’avait pas pensé car le 2ème couplet parle vraiment des friteuses (Les jeunes filles de Concarneau) et on en voit beaucoup dans le film.
Les quatre autres couplets sont moins intéressants du point de vue du film.
J’ai cherché une séquence qui devait pouvoir coller sur une séquence courte.
Sylvie
Lors de nos échanges téléphoniques avec Bernard avec la précieuse liste de chants proposée par Michel, il a fallu faire des choix, de musiques et de chants à faire seule ou à deux, choix de tonalité, et définir ce que chacun allait faire;
Pour la 1ère séquence Bernard a eu besoin d'une mélodie pour habiller "Ni beus er vag", il m'a demandé de lui faire des propositions de Gwerz un thème a fait écho chez nos deux musiciens et ils l'ont complété avec des airs à danser que nous avions en commun.
En plus de chanter, j'allais aussi jouer de la shruti box, un instrument traditionnel indien que j’utiliserais pour ses bourdons en accompagnement musical.
Bernard
Question de critères aussi !
Entre les « incontournables », les « belles », les « moins bien, » et les « très bof », le « quota » Breton et Français, la « géographie » des origines, et évidemment ce que disaient déjà les images du film (des années 30 au milieu des années 60 ! Et Hors de question d’illustrer ce film avec « du breton » hors sol, encore moins « du celtique » !
Je ferai toutes les partitions, sachant pourtant qu’une partie de l’équipe ne sait pas lire la musique, mais que cela nous donnerait « la » version qui serait commune, paroles et musique.
Et j’envoie le tout « aux filles ».
Avec Manu, on a composé et écrit toutes les grilles : on était près pour une première répé …
Bref : concerter, préparer, affiner, confirmer, infirmer, choisir… apprendre aussi !
Brigitte
Sylvie, a appris Le Salut à l’ouvrier ou Les Sardines qu’on a ensuite cherché à mettre sur des images adéquates.
Mais ce ne sera pas systématique.
Labousig er c’hoat est une chanson qui était chantée dans les conserveries – sans lien avec le travail ou la pêche.
Juste une chanson… incontournable.
En fait, j’ai été surprise par le fait que c’était souvent en quelque sorte évident où poser les textes !
Bernard
On sait dorénavant que certaines images colleront mieux que d’autres avec la musique, que certaines paroles raconterons la même histoire que l’image à l’écran à l’instant T, et qu’ensuite, l’une et l’autre prendront leurs indépendances, jusqu’à se croiser à nouveau, plus tard.
Et cette idée nous plaît !
Les chansons choisies globalement placées, il nous parait obligatoire de mettre des instrumentaux : pour aérer les chansons (avant, pendant et après, ce qui facilite le calage aux images, plus facile que sur une phrase ou un couplet!), et ensuite pour illustrer des séquences entières . Manu a écrit des airs super pour l’Armée du Chalut, entre-autre pour des chansons où on n’avait pas de timbre ; on tape dedans. On décide aussi de garder les 2 voix off sur 2 séquences très fortes . Une des deux sera posée sur de la musique, l’autre à la fin du film restera nue, s’imposant toute seule comme une conclusion implacable. Et on se sépare de St Saëns ...
Le squelette ainsi établi, il a fallu tout caler, à la seconde près : c’est le travail le plus fastidieux mais aussi le plus intéressant.
Le film est visionné des centaines de fois, recalé en arrière, accéléré, …
Et bientôt, là où il n’y avait que du flou se dessine une dentelle d’imbroglios millimétrés entre les images et la musique…
On remplace un couplet par un autre plus descriptif ou plus percutant,
On change une mélodie,
On en repère une autre, écrite par quelqu’un qu’on connaît et «qui va mieux»,
On re-découpe un thème pour que le minutage s’adapte au milli-poil,
On arrange les paroles d’un couplet en allant chercher la première phrase sur le 1er couplet de la chanson originale, la demi phrase suivante sur le 4ème couplet, puis l’autre demi phrase sur la même chanson, mais une autre version,…
Un vrai boulot de création !
Brigitte
C’est sur !
Il a fallu coordonner, répéter, pour que les morceaux, chants ou extraits collent pile-poil aux time-codes.
Un gros travail !
Sylvie
Nous avons fait une visio le 17 janvier ( ciné-concert le 24 mars !) pour donner nos avis et discuter de ce que nous allions devoir travailler...
Nous avons alors découvert tout le travail fait du coté des musiciens et nous avons chacun donné notre point de vue.
Emmanuel
C'était super intéressant de voir mes partenaires emmener des paroles nouvelles ou des mélodies rares.
Pour la partie avec Louise et Mauricette, celles avec leurs témoignages les deux musiques ont été composées dans l'urgence et en baignant dans les chansons de marins. Bernard ajoute à chacune quelques finesses qui enrichissent le morceau. ces deux musiques qu'on avait souvent joué ensemble se sont imposées naturellement
L'ARBITRAGE DÉFINITIF
Les artistes
Résultat des courses :
7 séquences
Quelques silences.
Des couplets extraits de 5 chansons en breton et de 6 chansons en français,
2 chansons entières en français,
2 bidouillages musicaux,
1 improvisation entièrement libre,
2 mazurkas de Manu,
1 mazurkas d’un de ses potes accordéoniste,
2 gavottes et extraits,
2 laridés,
1 tarentelle italienne (sur une séquence très «couleur sud» !)
et des bruitages instrumentaux …
Bernard
Pas de chef d’orchestre…
Juste… Le retour écran “artistes”
Un minutage digne de la NASA !
A la seconde près…
RÉPÉTITION EN VUE
Sylvie
J’étais impatiente de retrouver mes camarades pour répéter.
L’échéance se rapprochait.
L'angoisse et les doutes commençaient à se manifester...
Nous avons convenu d’une première date de répétition à Quéven pour la fin du mois
Chez moi d'abord où nous nous sommes étalés dans la véranda, instruments de musique, ordinateurs, partitions, boites, feuilles, crayons, pupitres.....mais aussi chocolat et autres "lichouseries"..
Brigitte retranscrivait pour tout le monde et faisait la synthèse du travail
De mon côté je prenais des notes personnelles et j'enregistrais les séquences que nous avions mises en place, afin de pouvoir les réécouter pour que chacun de son coté puisse travailler.
J’ai eu de nombreux moments de doute, mais aussi des grands moments d’émotions extraordinaires où je me suis retrouvée à chanter les bons mots sur les bonnes images par hasard…
Hasards, voulus ou pas....mais en tout cas très prégnants.
Quelques jours avant le concert nous nous sommes retrouvés au pôle jeunesse de Quéven où j'avais trouvé une salle pour que l'on soit dans les mêmes conditions que celles du concert..
Le dimanche soir nous nous sommes accordés une récréation en musique au Galway Inn un pub de Lorient
Alain
Les consignes à l’écran ou sur les notes..
Les images… en retour de scène.
Emmanuel
Le côté très minuté de l'exercice était très contraignant pour moi mais le résultat était là.
Ce n’est pas ma manière de faire de la musique.
Je n'étais pas habitué à la correspondance entre musique et images
Mais j'ai trouvé ça… très fort !
C'était très pointu et fouillé mais ce n'était pas encore très confortable !
Alain
Tendu ou détendu… Les yeux ouverts ou les yeux fermés
Pour moi, artistes volants …
Le film en mémoire dans la tête !
J’assiste à toutes les répétitions à Quéven…
Tout ce que viennent de dire Brigitte, Sylvie , Emmanuel, Bernard..
C’est incroyable de voir s’ouvrir doucement une fleur…
Est venu le temps des répétitions finales, le temps du filage intégral dans la salle de Larmor-Plage …
GÉNÉRALE !
Sylvie
Eric Gourong, le régisseur de la salle des Arcs à Quéven, qui est un ami a accepté sur son temps libre de nous rejoindre et de nous aider pour la sonorisation en salle, son enthousiasme nous a fait chaud au coeur ;
Gérard Le Breton un autre ami que j'ai sollicité , a passé la journée du lundi avec nous pour filmer les répétitons et le ciné-concert à Larmor;.
Le premier filage du lundi matin en conditions réelles dans la salle a été bluffant comme si nous avions déjà fait ce concert plusieurs fois auparavant.
Pour moi c'était une première, entourée de professionnels...
Michel
Si pour des projets du même registre (par exemple sur les chants des terre-neuvas), j’ai été un des acteurs musicaux de l’aventure, j’ai eu la chance, pour ce ciné-concert de ne pas en être, et donc de découvrir lors de la "première" à Pêcheurs du monde le remarquable travail mené par mes camarades, et surtout le résultat, cette imbrication poétique entre images filmées et musiciens, si forte que les moments chantés ou musicaux « colorent » les images en noir et blanc !
Emmanuel
On n'a eu une vraie idée du résultat final que lors de la répétition dans la salle et ça nous a bien rassuré !
Sylvie
J’avais comme mes camarades les yeux rivés sur l’écran de contrôle pour le "timer" et sur mon synopsis, je me suis laissée porter par la musique, le chant et par les images,
J’entendais dans ma tête le vécu de ces femmes en même tant que je chantais .
Clarinette, concertina,,accordéon ,shruti, chants...
C’était vraiment exceptionnel !
J'étais comme... enveloppée !
Cette générale fut un moment de grâce pour moi,
PRISES DE VUES !
Alain
Nous ne sommes pas immortels.
Le cinéma si…
On filme !
Car sachant le caractère parfois éphémère des oeuvres, je veux faire un film !
Comme avec « Voilier en pêche » !
Cela n’empêchera pas de faire des lives après mais il faut aussi penser à « conserver » le « concert » sur les « conserveries » !
Deux filages complets…
Pour les artistes…
Une caméra 4k face aux artistes. Grosse résolution !
Parfait pour moi.
Je monte en fullHD. Au besoin je pourrais recadrer mes artistes !
Je pourrai prendre leurs instruments, leurs émotions pendant le concert et le film !
Et si ça plante pour un filage je prendrai l'autre !
Autrement dit, j'aurais deux filages 4k et deux ensembles de rushes pour le film !
On mettra une caméra de l'autre coté de la scène pendant le ciné-concert pour la fin et le public !
LE CONCERT
Alain
Est venu alors le temps de vérité du concert.
Double projection
L’une pour le public
L’autre pour les artistes en retour image avec le chronomètre…
Salle comble…
Dominique, le mari de Sylvie lance le film public.
Moi je lance le film artiste.
Au doigt et à l’œil… synchroniser les machines !
5 4 3 2 1…0 !
C'est parti !
Pour 56 minutes !!!
…
Je m’interroge toujours si les spectateurs et les spectatrices comprennent la subtilité des nos affaires…
Interrogation superflue, il suffit de les regarder peut-être…
Le maire de Larmor-Plage est à coté de moi.
Je le regarde.
Il a annoncé au public devoir partir car il a un RDV ailleurs…
Il doit y aller !
Mais il reste un peu, beaucoup, …
En fait il n’arrive pas à partir…
Il est… scotché !
Entre les artistes à sa gauche et le film au centre, il est subjugué…
Ne rien manquer…
Il ne sait plus très bien où mettre ses yeux et ses oreilles !
Emmanuel
Sur scène, j'ai l'habitude de parler, de plaisanter, de présenter…
Là c'était donc pour moi assez… tendu…
Sylvie
Un moment de grâce …
Une apothéose !!!!
Alain
Ça marche !!!
Le public est aux anges !
Mission accomplie !
Emmanuel
Le rapport avec le public est finalement venu à la fin avec l'ovation, les réactions et les commentaires très chaleureux et positifs ensuite !
LE FILM
Alain
Enfin, viendra le temps de monter le film…
Pas trop besoin de montage…
Monter c’est synchroniser…
Et là, tout était déjà « synchronisé » au concert !
Quelques cadrages « intimes » quand même.
Car je me souviens … pendant le concert, j'ai eu l'impression que nos artistes et leurs instruments étaient presque rentrés dans le film.
Quand la multitude devient unité.
C'est peut-être cela le "Grall" du "ciné-concert"…
Michel
Une œuvre originale, qui part d’une démarche documentaire pour aboutir à une création dont les équivalents sont rares !
Le quatuor a su donner une voix aux filles d'usines en puisant dans leur propre monde culturel sans avoir recours à l’invention de chansons contemporaines parlant à leur place.
Un film qui vous prend aux tripes, un réjouissant et vibrant hommage à ces « ouvrières de la mer » !
L’APRÈS
Sylvie
Mon rêve maintenant est de revivre un jour ce fabuleux moment…
Alain
Disponibilité de l’équipe…
Ambivalence de l’envie…
Doute de ne pas retrouver ce moment à la fois contraignant et magique…
Je comprends…
Pas simple…
Peut-être un jour.
En tous cas, on a bien fait d’en faire un film !
Petite ou grande salle.
Petit ou grande enceinte
Petit ou grand écran…
Cela ne vaudra jamais le « live » mais au moins peut-on partager ce fabuleux moment avec le public.
POUR CONCLURE
Alain
Ensemble… Toujours !
Chercher, trouver, arranger, créer au besoin, exprimer, diffuser et partager…
N’est ce pas là la finalité des vies de chercheurs et d'artistes ?
***
Copyright :
Armée du Chalut et Alain Pichon
Collecte des verbatim et arrangements du dialogue :
Alain Pichon