Graham Noctor, un Européen au chevet du stress des plantes

Graham Noctor est chercheur en biologie végétale à l’Institut des sciences des plantes - Paris-Saclay, un laboratoire de l'Université d'Évry.

Comme nous, les plantes subissent un stress, qui peut avoir des effets positifs ou négatifs. Avec le réchauffement climatique, comprendre la manière dont les plantes s’y adaptent est crucial.

©photo Université Paris-Saclay

Graham Noctor est un Européen que le Brexit désole. « J’ai la double nationalité britannique et irlandaise, je travaille en France, et je suis très pro-européen », souligne ce professeur en biologie des plantes à l’université Paris-Saclay. La vie en France l’attirait, mais ce sont surtout les opportunités professionnelles qui ont emporté le choix : il a décroché en 2003 un poste de professeur à l’université Paris-Sud (aujourd’hui Paris-Saclay), après deux ans comme professeur associé à l’université Paris-7 Diderot. Depuis 2019, il est membre senior de l’Institut Universitaire de France (IUF). Son domaine : le stress des plantes, sur lequel il mène ses recherches depuis 1994, après s’être longuement intéressé à la photosynthèse.

S’acclimater au stress

Car oui, les plantes aussi connaissent le stress. La pollution par l’ozone, par exemple, due notamment au trafic automobile, a un effet notable sur les plantes. Le gaz est un puissant oxydant, qui a des effets sur les composants cellulaires de la plante. « L’ozone entre dans la plante, où il se transforme en d’autres espèces oxydantes, décrit Graham Noctor. Cela engendre des oxydations au niveau des cellules. »

Le froid, la chaleur, l’excès d’ensoleillement, les bactéries créent aussi un stress oxydant chez la plante. Les rendements peuvent en être affectés. Le stress change le comportement de la plante, mais ce n’est pas forcément mauvais. Dans certains cas, la plante s’acclimate et devient plus forte. La vision du stress a donc évolué chez les chercheurs.

Dans les années 90, on pensait que le stress oxydant était forcément mauvais pour la plante. Il devait donc devait être éliminé, par exemple en ajoutant des barrières anti-oxydantes pour obtenir une meilleure résistance, raconte le chercheur. Mais les choses sont plus compliquées. Nous nous sommes rendus compte que les radicaux libres provenant des réactions d’oxydation jouaient un rôle de signal pour la plante afin qu’elle résiste au stress.

Le rôle ambigu du CO2

Des interactions se créent avec les phytohormones (les hormones des plantes) qui induisent des changements, par exemple l’augmentation de la croissance des racines ou encore une résistance systémique dans des parties de la plante qui n’ont pas subi le stress. L’oxydation fait donc partie du système d’acclimatation de la plante. Ces recherches sont essentiellement fondamentales, elles visent à comprendre comment les plantes gèrent le stress. Mais en ligne de mire est bien présente la perspective d’améliorer les plantes.

Ce stress augmente-t-il aujourd’hui ? Il est bien difficile de répondre. Le réchauffement climatique va probablement augmenter les sécheresses, les inondations et la salinisation, avec des changements plus soudains. Quant à l’augmentation du CO2, elle crée de grands débats. D’un côté, ce gaz à effet de serre est bon pour la croissance des plantes, puisque c’est en absorbant ce CO2 qu’elles croissent par photosynthèse. Mais aurait-il aussi des effets stressants, potentiellement négatifs ? « La question n’est pas tranchée, beaucoup de chercheurs ont des avis différents », observe Graham Noctor.

Ce qui lui plaît avant tout : encadrer les jeunes, en thèse ou en « post-doc ». Ainsi que l’enseignement, lorsque les étudiants sont motivés. Bien sûr, la période de pandémie avec son lot d’enseignement à distance est peu enthousiasmante. Il apprécie toujours autant la France, « sauf ses lourdeurs administratives » sourit-il. Son passeport irlandais lui permettra de rester malgré le Brexit. No stress !

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