Jean-Philippe Karr, échecs et physique quantique

Jean-Philippe Karr est arrivé en 2002 à l'Université d'Évry, un an après la fin de sa thèse au Laboratoire Kastler Brossel (LKB). Il est enseignant-chercheur en physique et se passionne plus particulièrement pour la physique quantique.

Des échecs à la physique quantique

Au début de mes études je m’intéressais plutôt aux mathématiques. C’est lorsque j’ai suivi mes premiers cours de physique quantique à l’école Polytechnique, où j'ai eu la chance d’avoir d’excellents professeurs, que j’ai commencé à me passionner pour ce domaine. Je crois que ce qui m'a fasciné, c'est le fait qu'une théorie aussi étrange et peu intuitive décrive aussi bien la réalité.

Diplômé d'un DEA en physique quantique, Jean-Philippe Karr intègre le LKB pour y faire sa thèse. Il y étudie alors l’optique non linéaire et l’optique quantique dans des matériaux semi-conducteurs.

Depuis l'enfance la passion du jeu d’échecs ne l'a jamais quittée, et il la partage avec plaisir grâce à l'Unité d'Enseignement Libre (UEL) qu'il a créée à l'Université d'Évry : "échecs : du débutant au joueur confirmé".

Une rencontre déterminante

En 2002, Jean-Philippe Karr candidate et obtient un poste de Maître de conférences et rejoint Laurent Hilico, enseignant-chercheur en physique à l'Université d'Évry.  Tous deux, ils travaillent sur les mesures et calculs de précision dans la molécule H2+ (voir définition ci-contre). 

Grâce à Laurent Hilico, j’ai découvert un domaine de la physique passionnant et entièrement nouveau pour moi, par rapport à ce que j’avais fait pendant ma thèse. 

J'ai aussi découvert et apprécié l'enseignement à l'Université d'Évry. J'ai trouvé à l'Université, et au département de physique en particulier, un environnement très agréable avec beaucoup de convivialité et d'entraide entre enseignants ainsi que de bonnes relations entre enseignants et étudiants.

Des collaborations enrichissantes

Jean-Philippe Karr insiste sur un aspect important de la recherche : le travail en équipe, non seulement au sein de son propre laboratoire mais aussi avec des collègues à l’étranger.

Dans mon domaine les équipes sont plutôt petites; par exemple, dans notre équipe à Jussieu nous sommes en ce moment deux chercheurs « permanents », deux doctorants et un postdoc. Les collaborations sont donc toujours très enrichissantes et stimulantes. Il y en a une en particulier qui se poursuit depuis plus de 10 ans avec un chercheur russe, Vladimir Korobov ou encore avec l'équipe expérimentale de Jeroen Koelemeij d’Amsterdam.

Des travaux en vue d'expériences au CERN, conseil européen pour la recherche nucléaire

A court terme Jean-Philippe Karr souhaite continuer à approfondir la théorie des molécules simples (voir l'article publié dans Science).

Il compte aussi s'intéresser à un atome dit "exotique" : l'hélium antiprotonique. C'est un atome d’hélium où un des deux électrons est remplacé par un antiproton (la particule d’antimatière correspondant au proton). Des expériences de spectroscopie sur cet atome sont menées au CERN avec l’objectif de mesurer la masse de l’antiproton pour la comparer à celle du proton. Cela permet de tester la symétrie entre matière et antimatière, et peut-être contribuer à répondre à des questions encore sans réponse : pourquoi l’univers qui nous entoure est-il constitué uniquement de matière normale ? Pourquoi l’antimatière a-t-elle disparu ?

Toujours sur ce thème de l’antimatière, l'équipe du LKB fait partie d’un grand projet appelé GBAR (Gravitational Behaviour of Antihydrogen at Rest), qui vise à mesurer l’effet de la gravité sur l’antimatière.

Est-il le même que pour la matière ordinaire ? Pour tester cela, il faut arriver à produire un « anti-atome » d’hydrogène, puis le ralentir autant que possible avant de le laisser tomber : une expérience très complexe, mais fascinante. Et après les anti-atomes, il est question de produire des anti-molécules H2+ ! Mais ce n’est pas encore pour demain.

explique le chercheur.

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