BD « Sciences en bulles » : comprendre la dégradation de la chlordécone

Cet extrait de la BD « Sciences en bulles » est publié dans le cadre de la Fête de la science 2020. Cette nouvelle édition a pour thème : « Planète Nature ? ». 

Oriane Della-Negra, doctorante à l'Université d'Évry expose sa thèse de manière très accessible et en BD.

© Peb&Fox/Syndicat national de l’édition, CC BY-SA

La chlordécone est un insecticide organochloré classé parmi les polluants organiques persistants massivement utilisée aux Antilles françaises de 1972 à 1993. Sa persistance dans l’environnement, à l’origine d’une pollution des sols et des eaux, conduit à un transfert de la molécule vers la chaîne alimentaire, entraînant aujourd’hui la contamination de la population antillaise.

Sa présumée non-biodégradabilité et sa toxicité sont à l’origine de nombreux problèmes socio-économiques et de santé publique. Pour tenter de remédier à ce problème, des chercheurs de l’UMR Génomique Métabolique (CNRS, CEA/IBFJ/Genoscope, université d’Évry – université Paris-Saclay) se sont focalisés sur la recherche de micro-organismes ayant la capacité de dégrader la chlordécone.

Dans des conditions de laboratoire, certaines bactéries se sont montrées capables de convertir la chlordécone en plusieurs produits de dégradation qui ont pu être synthétisés chimiquement. Ils ont été classés en différentes familles en fonction de leurs structures chimiques.

Suite à ces découvertes, les chercheurs se sont demandé si une telle dégradation pouvait se produire aux Antilles. L’analyse de différents prélèvements environnementaux a révélé la présence systématique et parfois très importante des mêmes produits de transformation de la chlordécone, dans les sols, les eaux et les sédiments de mangrove.

Contrairement à ce qui était généralement admis, la chlordécone se dégrade bel et bien naturellement dans les sols antillais. Ces résultats modifient profondément la vision de cette pollution et de sa prise en charge. De nouvelles études seront nécessaires afin d’évaluer la persistance et la toxicité des nouveaux produits de dégradation, étudier leur transfert dans la chaîne alimentaire et l’exposition de la population qui pourrait en découler. La meilleure compréhension et la stimulation de la dégradation naturelle de la chlordécone pourraient représenter une stratégie pour lutter contre cette pollution aux Antilles.

Retour à la liste d'actualités